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Publié le 29 mai 2024, mis à jour le 29 octobre 2024.

Depuis son rachat par Broadcom, VMware traverse une crise majeure. Les changements de licensing et les hausses de tarifs ont déclenché l'inquiétude des clients. Faut-il rester, migrer vers une alternative à VMware ou aller vers le cloud ? Décryptons cette crise et explorons ensemble les stratégies possibles.

VMware, leader historique de la virtualisation

Aujourd'hui, la virtualisation est une technologie incontournable dans le monde de l'IT. Elle permet de faire tourner plusieurs serveurs virtuels sur une seule machine physique, apportant flexibilité, performance et résilience. Mais il y a encore 25 ans, la virtualisation n'en était qu'à ses balbutiements.

C'est dans ce contexte qu'émerge VMware à la fin des années 90. L'entreprise va rapidement s'imposer comme le leader incontesté du marché grâce à ses innovations de rupture :

  • Une solution de virtualisation simple à déployer et administrer, même pour les équipes Ops peu familières de cette technologie émergente. VMware démocratise la virtualisation.
  • Des performances élevées, proches du bare metal, grâce à des techniques avancées comme la paravirtualisation des périphériques. Les entreprises peuvent virtualiser des applications critiques sans compromis.
  • Un écosystème logiciel riche (backup, reprise d'activité, migration...) qui se construit autour des APIs de VMware. C'est un atout clé face aux concurrents.

Fort de ces avantages, VMware connaît une croissance fulgurante dans les années 2000 et s'impose comme un standard. En 2022, VMware réalise un chiffre d'affaires de près de 13 milliards de dollars. L'entreprise domine très largement le marché des solutions de virtualisation, avec plus de 70% de parts de marché mondial, loin devant ses concurrents Microsoft, Oracle, Citrix et Red Hat.

Mais en mai 2022, cette success story prend une nouvelle tournure avec l'annonce du rachat de VMware par Broadcom pour 61 milliards de dollars. Une opération qui suscite de nombreuses inquiétudes sur l'avenir de l’écosystème et incite ses clients à réfléchir aux alternatives possibles à VMware.

Le rachat par Broadcom : quelles conséquences pour les clients ?

Le rachat de VMware par Broadcom, finalisé en novembre 2022 après de longs mois de négociations, suscitait déjà des inquiétudes. Mais c'est l'annonce en mars 2023 des nouveaux modèles de licence qui va mettre le feu aux poudres.

Broadcom impose des changements radicaux et soudains, à effet quasi immédiat :

  • Fin de la licence perpétuelle : les clients n'achètent plus leur licence une fois pour toutes mais doivent passer à un modèle d'abonnement, comme l'ont fait Adobe ou Microsoft. Un standard du marché mais un changement brutal.
  • Système de bundle : exit la flexibilité du catalogue à la carte, Broadcom impose désormais 2 offres packagées, une "petite" et une "grosse". Impossible de n'acheter que ce dont on a besoin, il faut payer pour tout un package.
  • Tarif plancher : la grille tarifaire est simplifiée mais avec un prix d'entrée élevé. Concrètement, un client avec une petite infrastructure paiera comme s'il avait 96 cœurs CPU, même s'il en a beaucoup moins.

Résultat : pour de nombreux clients, en particulier les PME, la facture s'envole avec des hausses de x4 en moyenne, jusqu'à x11 dans certains cas. Tout cela avec un préavis de quelques semaines seulement.

Ces hausses brutales de tarifs et le manque de visibilité ont provoqué un véritable tollé chez les clients VMware. Beaucoup ont le sentiment que Broadcom cherche à rentabiliser son investissement de 61 milliards de dollars sans se soucier des conséquences pour ses utilisateurs historiques.

Face à cette situation inédite, les clients se retrouvent face à un choix cornélien :

  • Rester chez VMware en acceptant les nouveaux tarifs, avec le risque de subir d'autres hausses à l'avenir. Une pilule d'autant plus difficile à avaler que Broadcom a réduit drastiquement son réseau de revendeurs, laissant peu de marge de négociation, en particulier pour les PME.
  • Migrer vers une solution alternative à VMware, mais cela implique des coûts de migration et une prise de risque importante.

Cette crise de confiance risque de laisser des traces durables dans les relations entre VMware et ses clients. Dans ce contexte, de plus en plus d'entreprises s'interrogent sur la pertinence de rester dans l'écosystème VMware à moyen terme.

Quelles alternatives et stratégies pour quitter VMware ?

Pour ceux qui souhaitent quitter l'écosystème VMware suite aux annonces liées au rachat par Broadcom, il existe notamment deux grandes options :

  1. Rester sur un hyperviseur en remplaçant VMware par un équivalent comme Nutanix ou Proxmox.

Cette approche permet de limiter les changements en conservant les mêmes datacenters et en formant rapidement les équipes sur la nouvelle technologie. Cependant, on rate l'occasion de se moderniser et il faudra recréer manuellement certaines fonctionnalités automatisées de l'écosystème VMware qui n'a pas d'équivalent complet.

  1. Migrer vers le cloud public.

C'est l'opportunité de se moderniser en profitant des dernières innovations technologiques comme Kubernetes, la sécurité avancée ou l'IA. Mais c'est un gros chantier qui soulève de nombreuses questions : quel fournisseur cloud choisir ? Pour quels objectifs et à quels coûts ? La migration peut être complexe et nécessiter de réécrire certaines applications.

Plusieurs options cloud sont envisageables :

  • Google Cloud et Azure proposent d'héberger les VM VMware dans leurs clouds avec des tarifs négociés jusqu'en 2027. Cela permet une transition en douceur avant de basculer sur leurs services cloud natifs.
  • AWS proposait une offre similaire (VMC) mais Broadcom vient d'y mettre fin, obligeant une migration cloud directe.
  • Scaleway est une alternative française intéressante mais implique aussi de passer directement sur le cloud.

Finalement, le choix n’est pas uniquement technique : il doit d’abord se faire en fonction de la stratégie d’entreprise.

 

Pour conclure, le rachat de VMware par Broadcom pousse les entreprises à réévaluer leur stratégie d'infrastructure et à faire des choix déterminants pour leur avenir technique, notamment celui d’envisager de migrer vers de nouvelles solutions alternatives à VMware. Quelle que soit l'option retenue, la priorité doit être donnée à l'alignement avec les objectifs business. Les aspects techniques, bien qu'essentiels, doivent intervenir dans un second temps pour implémenter au mieux la direction choisie.