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AWS, GCP, Azure : la guerre des services des cloud providers

Rédigé par Baptiste Briot de La Crochais | 29 juil. 2020 22:00:00


Qu’est ce que le Cloud ?

Le Cloud correspond à un espace de stockage de données externes à l’entreprise accessible par internet via un fournisseur.

Le Cloud a évolué sous plusieurs formes pour aboutir à celle que nous connaissons.

Par l’évolution de l’informatique, au gré de l’histoire, le Cloud s’est traduit par un espace de stockage individuel et permettait à une organisation de travailler sur un même document à l’image du Google Drive.

Avec l'intérêt croissant des entreprises envers la technologie au début des années 2000, des entreprises telles que Amazon (avec AWS), ont commencé à ouvrir à tous leurs technologies pour les utiliser et en faire bénéficier les entreprises. Bingo ! Pourquoi pas le monétiser ?

Aujourd’hui nous pouvons distinguer différentes sortes de Cloud : public, privé, hybride, community.

Maintenant le Cloud computing est partout. Que vous ayez un iPhone, un Samsung, un iPad etc. vous ne le savez peut être pas, mais probablement, dès que vous prenez une photo, les données se rejoignent dans le Cloud pour que vous puissiez y accéder avec un autre appareil.

Par analogie, le Cloud serait une centrale électrique qui vous fournit en électricité. Vous avez un fournisseur qui stocke l'électricité et qui le gère, vous en utilisez une petite partie et vous payez en fonction de votre consommation.

Le marché et les enjeux du Cloud

Le marché du Cloud aux 227,8 milliards de dollars en 2019 attise les convoitises. Les prévisions pour 2022 affolent les compteurs. Il est estimé que ce chiffre grimpe à 331,2 Milliards selon l’étude Gartner. Le Vice Président de la recherche du cabinet, Sig Nag, ajoute même que “Ce que nous voyons maintenant n’est que le début. Jusqu’en 2022, Gartner prévoit que la taille du marché et la croissance du secteur des services de Cloud computing seront presque trois fois plus importantes que la croissance de l’ensemble des services informatiques”. Le Cabinet Forester, lui, quantifie l’augmentation du marché jusqu’à toucher les 411 milliards de dollars d’ici 2022 soit plus 1,5 fois le nombre actuel.

Dans un monde où la transformation digitale ne cesse de s'imposer, il est évident que le Cloud progresse pour répondre aux enjeux majeurs des entreprises :

  • Le stockage et la gestion des données
  • Le partage et la collaboration
  • La stabilité des infrastructures
  • La sécurité des données

Ainsi, le marché du Cloud connaît une très forte expansion et cette croissance s’avère exponentielle. Le volume de data généré et stocké par les entreprises ne cesse de croître ; elles doivent donc recourir à des systèmes de stockages et de gestion plus puissants. Certains services du Cloud vont en bénéficier plus que les autres. Par exemple, les Cloud provider proposant des IaaS ou des PaaS devraient croître de 36% d’ici 2021. Différentes études de 2019 mettent en évidence que d’ici 2021, les dépenses des entreprises en solutions d’infrastructures seront majoritairement au bénéfice de l’IaaS et du Cloud Public. Mais le Cloud public est certainement la forme qui devrait bénéficier d’une croissance fulgurante. Selon l’étude IDC, la moitié des données seront stockées dans les Cloud Public d’ici 2025

Le Cloud sera donc partout et les services vont continuer à se multiplier au sein des fournisseurs. Cette multiplication et ses enjeux en appellent d’autres. À l’heure du RGPD, du Covid, un enjeu de sécurité des données prend une place prépondérante avec la question de la souveraineté numérique qui pousse les Cloud à s’implanter localement.

Quels sont les acteurs et leurs spécialisations ?

Cette guerre du Cloud est menée par 3 acteurs majeurs : Amazon avec Amazon Web Services (AWS), Microsoft avec Microsoft Azure, Google avec Google Cloud Platform (GCP) suivi notamment par IBM et SalesForce. Mais il existe de nombreux autres acteurs omniprésents comme Alibaba Cloud, le géant chinois ou OVH, pour citer un fournisseur français.

Le géant de l’IaaS, Amazon, au 25,7 milliards de dollars de Chiffre d’affaires (2018) par le Cloud se présente comme le leader incontesté sur son segment avec sa plateforme AWS qui se divise en 4 catégories : Compute, Stockage, base de données et réseau. Le Service EC2 est reconnu pour pouvoir s'adapter rapidement à la charge et offrir une capacité de calcul importante et sécurisée. Le PaaS d’Amazon est pertinent mais ne représente pas le fer de lance du groupe. Le groupe présente un net avantage sur l’intégration de l’Open Source (Linux Friendly) et compte parmi ses rangs des clients prestigieux (Airbnb, Nike, Nasdaq etc.). Enfin, Jeff Bezos propose différents systèmes tarifaires à définir en fonction des besoins et un large éventail de services et de produits.

Microsoft Azure, propose une offre diversifiée sur deux segments forts l’IaaS et le Paas. L’entreprise aux 11 milliards de Chiffre d’affaires (2018) se divise en 4 catégories assurées pour chacun par leurs services : Gestion des données, Compute, Performance et Réseau. Le stockage et le Networking sont parfaitement assurés par Azure (tout comme AWS) et fournissent des bases de données complètes. Cependant, la force de Microsoft repose sur l’Hybride et une intégration parfaite pour les utilisateurs Windows. La documentation et l’assistance technique semblent, toutefois, rester à la traîne.

Ces deux fournisseurs s’engagent à une disponibilité supérieure à 99,5% de leurs services sous peine de remboursement et présentent un niveau de sécurité particulièrement élevé.

Le plus jeune, Google, se lance dans de grands investissements pour les années à venir notamment en IA, deep learning, machine learning, analyse de données et Open Source pour revenir sur les deux géants. L’aspect infrastructure reste encore faible en comparaison de ses deux concurrents, c’est certainement pourquoi son prix est le plus attractif.

IBM se positionne principalement sur le Cloud hybride et le Multi Cloud avec une nouvelle plateforme de gestion de plusieurs outils IA. SalesForce, un des acteurs historiques du Cloud, mène son combat pour la bataille du SaaS (Software as a Service) contre Microsoft, appuyé par la force de son CRM et ses fidèles clients.

L’explosion du nombre de services

Les Cloud providers proposent différents types de services de base : IaaS (Infrastructure As a Service) pour héberger, PaaS (Platform As a Service) pour construire et SaaS (Software As a Service) pour consommer. À ces catégories de services “traditionnelles”, s’en ajoutent des nouvelles avec l'avènement du XaaS (Everything As a Service) prouvant que tout peut devenir service et comprenant plus de 80 catégories comme FaaS (Function As a Service), ou BaaS (Blockchain As a Service, ou Backend As a Service) ou encore DaaS (Data As a Service ou Destock As a Service) etc. Au sein de ces catégories, il se trouve également des multitudes de services.

Chaque provider tient à diversifier ses services pour proposer l’offre la plus complète pour séduire toujours davantage d’utilisateurs. Certains fournisseurs proposent des centaines de services, à l’image de Microsoft Azure qui en offre plus de 200 différents ou AWS et ses plus de 160 services. Cependant, ce sont souvent les mêmes services simplement avec des configurations différentes, ce qui rend ces offres difficiles à comparer. Kubernetes en est la parfaite illustration. Le service Kubernetes créé par Google en 2015, GKE (Google Kubernetes Engine), a été récupéré par Amazon avec EKS (Elastic Kubernetes Service), et par Microsoft avec AKS (Azure Kubernetes Service). Ils proposent ce service, aujourd’hui presque incontournable, soit gratuitement comme Azure et GCP ou payant comme AWS, qui promet une stabilité à 99,9% contre 99,5% pour les deux autres concurrents par exemple. La liste des critères de comparaison est longue, on peut en distinguer facilement plus de 25 dont les indispensables : Noeuds par cluster, le monitoring, la documentation etc.

La crise du Covid-19, accélérant la tendance du digital, a fait exploser les compteurs des services et leurs utilisations. Les charges reçues sur les infrastructures de Netflix (AWS) et Doctolib (AWS) notamment ont été très fortes et nécessitaient une grande puissance de calcul que procure seulement le Cloud. Ainsi, Microsoft a connu une augmentation de près de 775% de la demande de ses services.

Cette augmentation de l’utilisation du Cloud et des services est à mettre en évidence avec le nombre des cyberattaques qui ont une croissance de 630% sur cette même période selon le cabinet McAfee. Car migrer n’est pas sans risque, il vaut mieux s’entourer d’experts. Bien que critiqué pour leurs manques de sécurité ces dernières années, les Cloud provider ont relevé ce défi et ont répondu à la crise des cyberattaques. Ils proposent aujourd’hui des services de sécurité très importants comme AWS et ses 23 services de sécurité allant de la prévention à l’identification, à la protection puis à la mise en conformité. Azure propose lui la plus large offre de certification de conformité, avec près de 100 certifications.

Les entreprises évoluent et tendent davantage à l’utilisation du Cloud pour des raisons à la fois de performances comme la puissance de calcul et le stockage mais également de praticité avec l’explosion des services en tous genres.

Des utilisateurs de plus en plus exigeants souhaitent combiner le service d’un cloud avec celui d’un autre, c’est une véritable guerre de services notamment avec l’émergence du Multi Cloud.

Du Cloud vers le Multi-Cloud : un Cloud composé de services à la carte ?

Dans toutes entreprises, on cherche à recruter le meilleur Sales, le meilleur Recruteur, le meilleur Marketeur, etc. Ces mêmes entreprises font de même avec le Cloud. Elles veulent récupérer les meilleurs services de chaque Cloud provider pour former un Cloud composé de plusieurs services provenant de provider concurrents. Ainsi, on assiste à l'émergence du multi-Cloud, un Cloud pour le Stockage, un autre pour le networking, etc. boosté par le shadow IT (système informatique mis en œuvre sans l’approbation de la DSI), la multiplication des services proposés par les Cloud Providers et l'exigence exponentielle des clients. Cependant, il est à noter que chaque service est corrélé à un framework dédié, il faut alors créer des API pour former des ponts entre les services de différents Cloud et les faire correspondre.

Cette solution permet de sélectionner des services spécifiques de différents Cloud à des tarifs avantageux. Comme aucune solution Cloud n’est capable de tout faire, le multicloud promet une grande flexibilité et répartit les risques de perte de données en cas de panne. Certaines filiales de grands groupes développent un multicloud pour simplement avoir un environnement Cloud local plus proche, en cohérence avec les lois de la souveraineté numérique.

Certaines entreprises se sont spécialisées dans la gestion de multicloud, nous avons sélectionné quelques acteurs (liste non exhaustive) :

  • Red Hat/VMware : Gérer la gestion des différents Cloud
  • RightScale : Assurer une gestion et un déploiement des ressources
  • Cloudability : Calculer les coûts
  • Dell Boomi AtomSphere : Imbriquer des applications Cloud les unes aux autres
  • EnStratius : Offrir une infrastructure Cross Plateforme conforme aux exigences de sécurités gouvernementales et des entreprises.
  • Otixo : Mutualiser des services Cloud pour la Collaboration
  • Mover.IQ : Optimiser la migration des fichiers entre les Cloud.

Le multi-Cloud alimente cette guerre des cloud provider pour proposer les meilleurs services, et la technique du Meta Cloud, le Cloud des Clouds, promet une forte contribution plus qu’une étincelle.

L’enjeu de la souveraineté technologique : Le Meta Cloud

Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne déclarait en janvier 2020 que : “pour être un acteur géopolitique, il faut pouvoir être garant de sa souveraineté technologique”.

L’un des enjeux majeurs du Cloud s’annonce être la souveraineté. L'avènement du Cloud Act et la crise que l’on a connue de Mars à juin l’ont démontré. Les États refusent qu’un géant Américain du Cloud tel Amazon, ou Google, ou encore Microsoft, ou un géant Chinois comme Alibaba Cloud, puissent stocker les données personnelles des européens.

Ce sursaut donne naissance à un nouvel acteur, qui s’annonce géant, avec un seul mot d’ordre : défier les grands acteurs contemporains en matière de données. La collaboration franco-allemande est en phase de construire le premier Meta-Cloud Européen, Gaia-X, le Cloud des Clouds. Le fruit de la collaboration de 22 entreprises, 11 françaises dont OVH, Scaleway, Dassault Systèmes, Orange, EDF, Docapost, Mines Telecom et 11 allemandes comme Siemens, Deutsche Telekom ou Bosch, proposera ses services à partir du 1er semestre 2021.

Au delà de l’objectif de regain de souveraineté technologique et numérique, ce Cloud promet un respect des normes européennes de confidentialité et un niveau élevé de sécurité. Les ministres des deux pays attendent la réalisation d’un Cloud à l’esprit de gouvernance édictant de grands principes. Ce nouveau provider prévoit que les entreprises Tech pourront proposer des services et applications Cloud compatibles avec Gaia-X. Cependant construire une infrastructure commune aux Cloud européen est aussi intéressante que complexe à mettre en place, et comme le souligne les deux géants Amazon et Microsoft, l’envergure de ce projet ne pourra, probablement pas, être une alternative compétitive.

Ainsi, de nombreuses entreprises éprouvent des problèmes de stabilité de leur site web, de leur infrastructure ou encore des problèmes de stockage, etc. Certaines désirent migrer sur le Cloud, mais cela ne s’avère pas être une tâche facile sans s’exposer à un danger de perte de données ou de sécurité. Padok s’est spécialisé dans la migration Cloud pour que chaque entreprise puisse bénéficier de ces avantages et qu’elles puissent s'appuyer sur un outil qui leur permettra une croissance ainsi qu’une stabilité pérenne. Mais au delà de la difficulté technique, il s’avère un choix complexe dû à la multiplication des services et des acteurs Cloud.